1519 Le testament de Léonard de Vinci

Le 23 Avril 1519. Battu et gardé à résidence pour ce crime, Léonard épuisé par la maladie s’allonge et décide de se raser pour se purifier de la honte.

Soudoyant les deux guerriers de garde pour bénéficier de la tranquillité, il fait demander un prête pour confesser le mensonge du viol. Puis, fait venir le notaire et plusieurs représentants afin de dicter ses dernières volontés.

Je me suis vu dans ce lieu battu pour ce crime. Par mon état de santé, je me suis allongé. Mon corps demande d’être purifié de cette honte. Avec peine, je me suis rasé. A la porte d’entrée, sont deux français auxquels j’ai demandé l’autorisation de travailler la nuit pour

 me rappeler aux souvenirs. (…) Pour être tranquille sur une longue période, car je suis embarrassé par les ordres de garde que je redoute. Je les ai soudoyés avec de l’argent que j’ai partagé en deux raisonnablement. Les deux français m’ont repoussé avec force et d’une manière effroyable dans le passage avec beaucoup de bruit. (…) Je me suis demandé, ici, quel était le meilleur moyen pouvant me causer la mort avec le meilleur avantage.

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Je redoute de faire venir le censeur afin de recueillir mes fautes pour la réconciliation. Moi, j’ai toujours été disposé à faire le bien et rapporter de cette manière mon adoration à la croix. Ici, je dois me confier sur le mensonge du viol et penser le rapporter de cette manière en expliquant avoir commis un pécher. Je suis persuadé que le mensonge du viol m’a mis dans l’erreur.

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Le testament

Qu’il soit manifeste, à chacun, présent et à venir, qu’à la Cour du Roi notre Seigneur à Amboise, devant nous personnellement constitué Messire Léonard de Vinci, Peintre du Roi, ici présent, demeurant à l’endroit dit du Cloux, près Amboise, lequel, consi­dérant la certitude de la mort et l’incertitude de son heure, a reconnu et confessé dans ladite Cour, à laquelle il a soumis et soumet ce qui suit :

Avoir fait et ordonné, par le contenu de la présente, son testament et l’ordre de ses dernières volontés en la manière qui suit.

D’abord il recommande son âme à Dieu notre Seigneur, à la glorieuse Vierge Marie, à Monseigneur Saint Michel et à tous les bienheureux Anges, Saints et Saintes du Paradis.

Item, le Testateur veut être enseveli dans l’église Saint Florentin d’Amboise et que son corps soit porté là par les Capucins de cette église.

Item, que son corps soit accompagné dudit lieu jusqu’à l’église Saint-Florentin par le Collège de ladite église, à savoir le Recteur et le Prieur, des Vicaires et Prêtres de l’église Saint-Denis d’Amboise et avec eux les Frères Mineurs dudit lieu, et, avant que Son corps soit porté dans ladite église, ledit testateur veut que soient célébrées dans ladite église Saint-Florentin trois grandes messes avec Diacre et Sous-Diacre; que, le même jour que les trois grandes messes susdites seront dites, l’on dise encore trente messes basses de Saint Grégoire. Dans ladite église de Saint-Denis le même Service soit célébré.

Item, que dans l’église des Frères et Religieux Mineurs le même Service soit célébré.

Item le susdit testateur donne et accorde à messire François de Melzo, Gentilhomme de Milan, en récompense des ser­vices par lui rendus dans le passé, tous les livres que ledit testateur possède présentement, ainsi que tout ce qui regarde soit art et industrie de peintre.

Item le testateur donne et accorde à. perpétuité pour toujours â Baptiste de Villanis, son serviteur, la moitié d’un jardin situé, hors des murs de Milan, et l’autre moitié de ce jardin à Salaï, son serviteur; dans ce jardin, le susdit Salaï, a construit une maison qui sera et restera toujours à perpétuité au susdit Salaï’, ses héritiers et successeurs, et cela en récompense des bons services que les susdits de Villanis et Salaï, ses servi­teurs, lui ont rendus.

Item le susdit Testateur donne et accorde à Maturine, sa ser­vante, une robe en drap noir, doublé de poils, un manteau de drap ; et deux ducats, le tout payable en une seule fois, et cela en reconnaissance des bons services à lui rendus par la susdite Maturine.

Il veut qu’à ses obsèques il y ait soixante cierges, les­quels seront portés par soixante pauvres, auxquels il sera distribué de l’argent pour les avoir portés ; ce sera le susdit Melzo qui le leur distribuera à sa volonté ; ces cierges seront répartis• entre les quatre églises ci-dessus nommées.

Item le, susdit testateur donne et accorde à chaque église ci-dessus nommée, dix livres de grosses bougies en cire qui seront mises dans lesdites églises pour servir le jour où l’on célébrera les Services sus désignés.

Item qu’il soit donné aux pauvres de l’hôpital de Dieu, aux pauvres de Saint-Lazare d’Amboise, et pour ce faire qu’il soit donné et payé aux trésoriers de ces Confréries la somme et quan­tités de soixante-dix sous tournois

Item le susdit testateur donne et accorde à Messire François de Melzo, présent et acceptant, le reste de sa pension et titre somme d’argent qui est une dette du passé, jusqu’au jour de sa mort. Pour recevoir cela, aller chez le Receveur ou Trésorier général M. Jehan Sapin où se trouvent les sommes d’argent ainsi que ladite pension qu’il aura reçue. Dans le cas qu’il décède avant le susdit testateur, cet argent se trouvera chez ledit testateur dans le lieu des­sus nommé dit du Cloux.

Pareillement, il donne audit de Melzo tous ses vêtements qu’il a ici dans le lieu-dit du Cloux, tant pour rémunération de ses bons services qu’il a rendu jusqu’à présent que pour ses salaires, les fatigues et ennuis qu’il pourra avoir pour le présent testament, le tout bien entendu aux frais du testateur.

Il ordonne et veut que la somme de quatre cents écus du soleil qu’il a en dépôt entre les mains du trésorier de Sainte Marie Nouvelle dans la ville de Florence soient donnés à ses frères charnels, demeurant à Florence, les profits que peuvent devoir jusqu’à pré­sent les susdits Trésoriers au dit Testateur par rapport aux quatre cens écus, depuis le jour ou le susdit testateur les a donnés et con­signés audits Trésoriers.

Item ledit Testateur veut et ordonne que ledit François de Melzo soit et reste seul exécuteur de son testament et que ledit testament soit révélé juste et entier, tel qu’il est narré et tenu de garder et observer. Le susdit Léonard de Vinci, testateur consti­tué, a obligé et oblige par ces présentes ses héritiers et successeurs de tous biens, meubles et immeubles, présents et à venir, et a renoncé par le présent acte à toute et à chaque disposition con­traire.

Donné dans ledit lieu du Cloux en présence de maître Esprit Fleri, vicaire de l’église de Saint-Denis à Amboise, Monseigneur Guillaume Croyant, prêtre et capucin, maitre Cyprien Fulchiu, le Père François de Cortone et François de Milan, Religieux du couvent des Pères Mineurs à Amboise, témoins appelés et cités pour ce par le juré de 1a dite Cour, en présence du susdit messire François de MeIzo, acceptant et consentant. Lequel a promis, par religion et serment de son corps, par lui donner corporellement entre nos mains, de ne jamais rien faire, aller, dire, ou aller à l’encontre, et a été scellé, sur sa demande, du sceau royal apposé aux contrats légaux dans la ville d’Amboise en signe de vérité.

Daté du 23 jours d’Avril 1518 avant Pâques.

Et le 23 dudit mois d’Avril 1518, eu présence Monseigneur Boreau, Notaire Royal à la Cour du Baillage d’Amboise, le susdit Léonard de Vinci a donné, par son testament l’ordre de ses dernières volontés dites ci-dessus, à Baptiste de Villanis, présent et acceptant, le droit de l’eau que feu le bon roi Louis XII, d’heureuse mémoire, avait donné audit Léonard de Vinci, sur la navigation du canal de Saint-Christophe dans le Duché de Milan, à titre de gratification, pour ledit Villanis en jouir toujours de la manière et façon qu’a procédé ledit seigneur lui-même.

Donné en présence de M. François de Melzo Gentilhomme de Milan, et en la mienne.

Et, au jour susmentionné dudit mois d’Avril de ladite année 1518, le susdit Léonard de Vinci, par son testament et l’ordre de ses dernières volontés déjà dites ci-dessus, a donné au susdit Baptiste de Villani, présent et acceptant tout et chaque meuble et ustensile de sa maison, ici, dans l’endroit du Cloux ; et, cela, en cas que ledit de Villanis survive au susdit Léonard de Vinci.

Fait en présence de M. François de Melzo et de moi, No­taire, etc.

Signé : BOREAU

Lettre du 01 Juin 1519 (Melzi)

Ser Ziuliano et ses très honorables frères. » Je pense que vous savez la mort de maître Léonardo votre frère et pour moi comme le meilleur des pères. Il me serait impossible d’exprimer la douleur que j’en ai eue, et, tant que mes membres se tiendront ensembles, je conserverai un malheur perpétuel, et cela à juste titre parce qu’il avait tous les jours pour moi un amour très dévoué et très ardent. Chacun a déploré la perte d’un tel homme, qui n’a plus la possession de la vie.

 » Que le Dieu tout-puissant lui donne le repos éternel. Il est sorti de la vie présente le deuxième jour de Mai avec tous les sacrements de la Sainte mère Eglise, et bien préparé. Comme il avait des Lettres du Roi très chrétien lui permettant de tester et de léguer ce qui lui appartenait à qui il voudrait, et cela sans que  » eredes supplicantis sint reguicolae « , sans ces lettres il ne pouvait faire un testament valable, et tout aurait été perdu, ce qui est ici la coutume, au moins pour ce qu’on possède dans ce pays, ledit maître Leonardo a fait un testament, que je vous aurais envoyé si j’avais eu une personne sûre.  J’attends la venue, ici, d’un mien oncle, qui retournera ensuite à Milan ; je le lui donnerai et ce sera un bon intermédiaire, n’ayant d’ailleurs pas d’autre moyen.

Quant à ce qui vous concerne dans ce testament, s’il n’y en a pas un autre, ledit maître Léonard possède à Santa-Maria Nuova dans les mains du Camerlingue, qui a signé et numéroté les reconnaissances, 400 écus au soleil, lesquels sont à 5 pour 10. Le 16 Octobre prochain, il y aura six années de passées. Il y est aussi question d’un bien à Fiesole, dont il veut que le partage soit fait entre vous. Le testament ne contient rien d’autre qui vous concerne. Nec plura, sinon que, je vous offre tout ce que je vaux et tout ce que je peux, mettant tout mon zèle et tout mon désir à la disposition de vos volontés, avec la continuité de mes compliments.

Ecrit à Amboise le premier jour de Juin 1519.

Faites-moi réponse par les Ponti.

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